"Le temps que je m’exerce à la contemplation de mots dont je voudrais qu’ils soient les miens, non par paresse, c’est bien trop tôt, mais par un mélange difficile à défaire de vanité et de faiblesse, voilà que d’autres les devancent en contrebande, exacts, ajustés, et — je le sais sans attendre — aussi réfléchis que dévergondés. Ils viennent de l’intérieur de la chambre et profitent de la lumière blonde qui filtre à travers les persiennes pour lui ravir l’or qui, de l’autre côté, baigne la rue de Longpont tout entière. C’est une lumière douce en automne qui souffle depuis le bois de Boulogne, glisse sur le lac gelé en hiver, scintille au printemps sur les toits des gloriettes présomptueuses du dix-neuvième siècle. Une lumière faite pour les mots.
Dessiner est une manière de prendre des notes. C’est ce chemin littéraire que Fabrice Pataut nous invite à emprunter dans ce texte autobiographique où l’on retrouve les thèmes familiers de l’auteur : la nostalgie, l’éducation par les femmes, la lecture des classiques, la cruauté et les chaussures.